Cinq Pièces pour la Jeunesse Livret 1. |
RAS LES COUETTES
Un petit atelier de théâtre pour ados
dirigé par monsieur Constantin. On ne travaille que sur des spectacles sans
prétention. Cette année, Fables de la Fontaine. Spectacle de fin d’année, les
parents sont là, les personnalités. Au deuxième poème, Bénédicte craque, elle
en a ras les couettes de jouer des trucs sans intérêt, d’être fade sur scène
alors qu’elles ont tant de choses à exprimer. Avec les copines, elles font un
putsch sur scène et se lancent dans des improvisations sur des thèmes qui leur
tiennent à cœur. Cela ne va pas sans heurts, toutes n’étant pas dans la même
dynamique. Mais quelle révélation pour monsieur Constantin qui va pouvoir se
soulager du poids d’une histoire dont il n’a jamais parlé…
Tout public.
Distribution: modulable en fonction de la troupe. Écrite à l'origine pour 5 filles 1 garçon à partir de 13 ans et 1 adulte.
Durée: environ 45 minutes
Personnages
BENEDICTE
GAËLLE
JENNY
MARIE-LAURE
VÉRONIQUE
JEAN-PIERRE (Le technicien)
Monsieur CONSTANTIN
Extraits
Constantin Bon ! O.K. ! Le spectacle change de thème.
Adieu la Fontaine, place à Mademoiselle Bénédicte, dans son ONE WOMAN SHOW !
Véronique Soyez gentil
avec elle, s’il vous plait, Monsieur Constantin.
Constantin Gentil, gentil ! Après ce scandale en public !
Bénédicte C’est pas vrai, c’est pas vrai. J’ veux pas faire la vedette, toute seule sur scène. Ca s’rait bidon, faudrait me cracher comme un noyau d’olive. J’ veux travailler avec mes cops, toutes ensemble. Mais autrement, pour dire d’autres choses qui se passent dans nos univers à nous. J’ai envie de rire de la vie, de chialer, de mordre. Avec des vrais gens qui ont un cœur et qui le dissèquent, là, sur scène, et qui le réchauffent dans le regard du Public.
Gaëlle Comme tu dis bien les choses !
Constantin Et les textes, hein ? Ca sert à quoi que des génies aient ciselé des trésors de mots pendant des siècles si n’importe qui raconte n’importe quoi sur scène ? La scène, c’est sacré, on n’y fait pas n’importe quoi !
Marie- Laure C’est pas tout à fait faux, Bénédicte…
Bénédicte Et alors ? Je le sais, que la scène c’est sacré ! Qu’y faut la respecter ! Vous m’avez déjà vue mal m’y conduire ?
Jenny Ben, ce soir, tu as fait fort…
Bénédicte Ce soir, la scène, on lui a un peu piétiné le côté magique et ça m’a foutue en l’air, si tu veux tout savoir…
Constantin Tu veux me dire, Bénédicte, de quelle façon on l’a insultée, la scène, avec notre spectacle ? C’est malpropre, peut-être, la Fontaine ?
Gaëlle Oh ! Monsieur Constantin ! Elle a pas voulu dire ça, Béné…
Marie-Laure Laisse-la dire, Gaëlle, moi aussi je veux savoir.
Bénédicte On l’a pas insulté, on l’a oublié, notre lieu sacré. On y a été fade, on n’y défendait rien, c’est devenu un plancher ordinaire sur lequel on déambule sans faire attention, à faire des singeries sans relief. C’est tout ça que j’ai senti, ça m’a fait mal au cœur…
Constantin Gentil, gentil ! Après ce scandale en public !
Bénédicte C’est pas vrai, c’est pas vrai. J’ veux pas faire la vedette, toute seule sur scène. Ca s’rait bidon, faudrait me cracher comme un noyau d’olive. J’ veux travailler avec mes cops, toutes ensemble. Mais autrement, pour dire d’autres choses qui se passent dans nos univers à nous. J’ai envie de rire de la vie, de chialer, de mordre. Avec des vrais gens qui ont un cœur et qui le dissèquent, là, sur scène, et qui le réchauffent dans le regard du Public.
Gaëlle Comme tu dis bien les choses !
Constantin Et les textes, hein ? Ca sert à quoi que des génies aient ciselé des trésors de mots pendant des siècles si n’importe qui raconte n’importe quoi sur scène ? La scène, c’est sacré, on n’y fait pas n’importe quoi !
Marie- Laure C’est pas tout à fait faux, Bénédicte…
Bénédicte Et alors ? Je le sais, que la scène c’est sacré ! Qu’y faut la respecter ! Vous m’avez déjà vue mal m’y conduire ?
Jenny Ben, ce soir, tu as fait fort…
Bénédicte Ce soir, la scène, on lui a un peu piétiné le côté magique et ça m’a foutue en l’air, si tu veux tout savoir…
Constantin Tu veux me dire, Bénédicte, de quelle façon on l’a insultée, la scène, avec notre spectacle ? C’est malpropre, peut-être, la Fontaine ?
Gaëlle Oh ! Monsieur Constantin ! Elle a pas voulu dire ça, Béné…
Marie-Laure Laisse-la dire, Gaëlle, moi aussi je veux savoir.
Bénédicte On l’a pas insulté, on l’a oublié, notre lieu sacré. On y a été fade, on n’y défendait rien, c’est devenu un plancher ordinaire sur lequel on déambule sans faire attention, à faire des singeries sans relief. C’est tout ça que j’ai senti, ça m’a fait mal au cœur…
..................................
Marie-Laure ( S’arrêtant enfin de danser)
PFFFFFFFFF ! Je suis crevée, mais j’étais bien, super-bien ! A un moment, j’étais
tout là-haut et je vous voyais en bas, tout petits, comme des fourmis !
Bénédicte Oh ! J’ai une idée ! Si on le refaisait à
deux ou trois, mais juste avec un peu de lumière bleue, puis avec du blanc et à
nouveau du bleu ?Hé ! Jean-Pierre ! Tu peux nous faire ça ? Si tu avais un peu
de Zicmu, aussi…
Jean-Pierre (A la régie) Qu’est-ce que je fais, Monsieur Constantin ?
Constantin Comme si j’avais encore quelque chose à dire ! ( Se dirige vers le buffet derrière lequel il s’assoit)
Marie-Laure Attendez, je bois un coup de flotte et j’y suis…
Bénédicte Tu fais tourner la bouteille, Mimi ?
Véronique Starting- block ! Jean-Pierre, quand tu veux !
(Jean- Pierre fait le NOIR puis envoie une musique « planante » tout en coloriant l’espace scénique d’une lumière douce. Chorégraphie sur le thème du vol d’oiseaux majestueux. Au bout d’un moment, un à un, chaque oiseau semble foudroyé en vol, tombe comme feuille morte au sol et s’y écrase. Quand tous les oiseaux sont à terre, la lumière baisse jusqu’au NOIR, la musique s’éteint. Pleins feux. Les filles se relèvent.)
Gaëlle Ben mes cocottes ! Vive Zému !
Jenny Ça, faut dire…
Marie-Laure Ça vous a plu, Monsieur Constantin ?
Jean-Pierre (A la régie) Qu’est-ce que je fais, Monsieur Constantin ?
Constantin Comme si j’avais encore quelque chose à dire ! ( Se dirige vers le buffet derrière lequel il s’assoit)
Marie-Laure Attendez, je bois un coup de flotte et j’y suis…
Bénédicte Tu fais tourner la bouteille, Mimi ?
Véronique Starting- block ! Jean-Pierre, quand tu veux !
(Jean- Pierre fait le NOIR puis envoie une musique « planante » tout en coloriant l’espace scénique d’une lumière douce. Chorégraphie sur le thème du vol d’oiseaux majestueux. Au bout d’un moment, un à un, chaque oiseau semble foudroyé en vol, tombe comme feuille morte au sol et s’y écrase. Quand tous les oiseaux sont à terre, la lumière baisse jusqu’au NOIR, la musique s’éteint. Pleins feux. Les filles se relèvent.)
Gaëlle Ben mes cocottes ! Vive Zému !
Jenny Ça, faut dire…
Marie-Laure Ça vous a plu, Monsieur Constantin ?
Constantin Vous n’allez pas me demander toutes les cinq
minutes si ça me plait ou pas. N’oubliez pas que je suis ici pour les Fables de
la Fontaine ! Mais allez-y, allez-y, je vous en prie.
……………………………….
Constantin (Se lève précipitamment de sa
chaise et rejoint les filles sur scène)
S’il vous
plait, ça suffit ! Lumière, lumière ! Il y a des limites. Vous ne savez pas ce
que vous faites, à quoi vous touchez.
Gaëlle T’as vu Béné ? Ça a ému Monsieur Constantin. En tout cas, si j’avais été dans le public, ça m’aurait foutu la trouille, je suis sûre que j’aurais pleuré. Mais là, j’étais trop concentrée. Dites, Monsieur Constantin, vous pourriez pas nous apprendre à pleurer sur scène ? Mais pas pour faire semblant, hein !
Constantin Mais vous êtes toutes folles, aujourd’hui ! Pourquoi veux-tu que je t’apprenne à pleurer? Vous n’avez pas assez de vos petits malheurs de jeunes filles dans la vie de tous les jours ?
Gaëlle T’as vu Béné ? Ça a ému Monsieur Constantin. En tout cas, si j’avais été dans le public, ça m’aurait foutu la trouille, je suis sûre que j’aurais pleuré. Mais là, j’étais trop concentrée. Dites, Monsieur Constantin, vous pourriez pas nous apprendre à pleurer sur scène ? Mais pas pour faire semblant, hein !
Constantin Mais vous êtes toutes folles, aujourd’hui ! Pourquoi veux-tu que je t’apprenne à pleurer? Vous n’avez pas assez de vos petits malheurs de jeunes filles dans la vie de tous les jours ?
On est là
pour s’amuser, pour distraire les gens, leur donner du plaisir !
Mais bon Dieu de bon Dieu ! Ça pleure partout dans ce monde maudit. On ne voit que ça, du sang et des larmes ! Du malheur et encore du malheur !
Vous croyez vraiment que notre public vient dans ce lieu sympathique et convivial pour voir pleurer des petites filles sur scène ?
Il veut rire, le public, il veut se distraire, oublier la rudesse de la vie du dehors. C’est ça qui fait la grandeur de notre métier.
Gaëlle C’est pas ça que je voulais dire…
Mais bon Dieu de bon Dieu ! Ça pleure partout dans ce monde maudit. On ne voit que ça, du sang et des larmes ! Du malheur et encore du malheur !
Vous croyez vraiment que notre public vient dans ce lieu sympathique et convivial pour voir pleurer des petites filles sur scène ?
Il veut rire, le public, il veut se distraire, oublier la rudesse de la vie du dehors. C’est ça qui fait la grandeur de notre métier.
Gaëlle C’est pas ça que je voulais dire…
....................................
Jenny C’est facile, tu sais, de faire pleurer quelqu’un.
Bénédicte Qu’est-ce que tu veux dire ?
Jenny Je veux dire qu’il n’y a pas besoin d’être intello, y’a pas à se forcer. Un simple geste et c’est les chutes du Niagara…
(Elle
disparaît en coulisses et revient avec une poupée.)
Jenny C’est à toi, ça, Gaëlle ?
Gaëlle Ben oui, c’est ma poupée…
Jenny Et bien, vas-y, ma grande, apprends à pleurer sur scène !
Jenny C’est à toi, ça, Gaëlle ?
Gaëlle Ben oui, c’est ma poupée…
Jenny Et bien, vas-y, ma grande, apprends à pleurer sur scène !
(Elle
arrache bras et jambes du jouet qu’elle jette tous azimuts.)
Gaëlle Ma poupée ! Ma Julie ! Ma Julie ! Salope ! Pourriture ! J’vais t’éclater la tronche ! Laissez-moi, laissez-moi !
Gaëlle Ma poupée ! Ma Julie ! Ma Julie ! Salope ! Pourriture ! J’vais t’éclater la tronche ! Laissez-moi, laissez-moi !
Texte déposé à SACD/SCALA
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