Théâtre Jeunesse, Livret 2, le livre artisanal. |
COL DE LA BICHE
Quatre jeunes filles, retirées de chez leurs parents
par la DDASS et accueillies à la Pension des Quatre Soleils. Monsieur Vlacic,
éducateur spécialisé et féru d’astronomie, les emmène sur la montagne voir
passer une comète, spectacle extraordinaire propice aux confidences et au
partage. Mais Armandine n’est pas bien dans sa tête, c’est l’anniversaire de sa
maman qu’elle n’a pas le droit de voir autant qu’elle le voudrait. Alors
l’étoile !…Profitant de quelques minutes de repos de monsieur Vlacic, elle
décide de rejoindre sa mère en ville, en pleine nuit… Pendant qu’elle carapate
dans une forêt assez terrifiante en pleine nuit, les autres boivent un thé
chaud en parlant de l’univers, de ce qu’est la « vie », avec l’éducateur…
Distribution : adaptable en fonction
de la troupe. Pièce écrite à l’origine pour 4 jeunes filles de 13-15 ans et 1
adulte (obligatoire !)
Personnages
Quatre adolescentes de la « Pension des Quatre Soleils » :
ARMANDINE
DELPHINE
MARINA
NADIA
Monsieur VLACIC un de leurs
éducateurs
La Comète
Extraits
Les Quat' Soleils
Z'ont les gros yeux
Z'ont les larmouilles
Z'ont dans le cœur
D' l' amour qui s 'rouille
Z'ont des quenottes
Qui vous crabouillent
Mais c'est biscotte
S' sont tordues d' trouille
Z'ont dans le cœur
D' l' amour qui s 'rouille
Z'ont des quenottes
Qui vous crabouillent
Mais c'est biscotte
S' sont tordues d' trouille
Ref:
Odeur de tarte, de caramel
Des grands beaux arbres, des hirondelles
T' as poussé la porte, la fenêtre
De la pension des Quat' Soleils
Z'étaient tout' p'tites
Tout cul qui s' mouille
Tétaient t'encore
La tite tétouille
Qu'à grands coups d' pieds
De ratatouilles
S' faisaient traiter
Qu'à grands coups d' pieds
De ratatouilles
S' faisaient traiter
De casse- baisouille
Dans les clapiers
Dans les basses-cours
Dans la terreur
Des rats qui grouillent
Z'ont ramassé
Sur leur pov' bouille
D' la coup de pieds
D' la carambouille
Pis z'ont filé
Su' les grands routes
Trisser leur cœur
Leur jeune débrouille
Z'ont rencontré
Des fils d'arsouilles
Z'ont grivelé
A pleines patouilles
N'enfin brisées
Trisser leur cœur
Leur jeune débrouille
Z'ont rencontré
Des fils d'arsouilles
Z'ont grivelé
A pleines patouilles
N'enfin brisées
N'enfin toute cuites
Sans rien d' câlins
Sans rien d' bisous
Sont t'atterries
Aux Quat' Soleils
S' refaire les pieds
Un vrai sommeil
Demain tout d' suite
Sans rien d' câlins
Sans rien d' bisous
Sont t'atterries
Aux Quat' Soleils
S' refaire les pieds
Un vrai sommeil
Demain tout d' suite
Ou ben t'un jour
Idée sans suite
Ou pour toujours
Z'ont dans le coeur
De viv' d'amour
De bouquets d' fleurs
Et d' big bisous.
Idée sans suite
Ou pour toujours
Z'ont dans le coeur
De viv' d'amour
De bouquets d' fleurs
Et d' big bisous.
………………………….
Marina
Ca va être gai et joyeux, le réveil,
demain matin ! Et encore, si Vlacic s’en rend pas compte avant !
Armandine
De toute façon, vous y êtes pour
rien, c’est moi qui me trisse, c’est pas vous… Même pas vous m’avez vu partir !
Bon, c’est O.K, vous me couvrez le plus longtemps possible ?
Marina Ben, si on peut pas te faire changer d’avis…
Armandine C’est comme si j’étais plus là !
Delphine
Mais t’as pensé aux cinq kilomètres
dans la montagne, en pleine nuit ? Et quand tu s’ras en bas ?
………………………….
Nadia Qu’est-ce qu’elle raconte, celle-là ? C’est
pas la vie, ça, c’est des cochonneries, du parasite, du résidu de poubelle ! La
vie, c’est pas ça. La vie, c’est nous, les gens, les chats, les chiens, chais
pas, les chevaux où qu’on va avec mademoiselle Geneviève, parce qu’y nous
comprennent ; les cafards, ça comprend rien, tu peux pas parler avec.
Marina C’est moi qui m’ goure, monsieur Vlacic ? La
vie, c’est pas tout c’ qui bouffe et qui fait des petits ?
Vlacic On peut dire ça comme ça, même si tu
simplifies un peu les choses. Mais c’est vrai : même un microbe, c’est de la
vie !
Nadia Ah ouais ? La grippe, la peste, le sida,
les infections, c’est la vie ? Alors que ça tue plein de gens ?
Delphine Ben, on tue bien les lapins pour les manger,
alors que eux et nous, on est vivant…
Nadia Bon, je la ferme, j’y comprends rien, à
votre truc !
Vlacic Mais non, mais non, « de la discussion
jaillit la lumière » comme on dit !
Marina C'est quoi, ça, ton Prosper?
Vlacic
Oh oui, oh oui, dis, c'est quoi, le
Prosper?
Delphine
Oh, ben, les filles ont déjà dû le
voir… (elle farfouille à ses pieds sous sa couette et en ramène un ours en
peluche rose) C'est lui, Prosper…
Marina J'y crois pas! T'as ramené c't' horreur ici!
Tu l'as pas encore flanqué à la poubelle?
Delphine
A la poubelle? Ca va pas, non?
Nadia T'es vraiment restée coincée dans tes
couches-culottes, toi! Tu t' pètes pas la honte, non, à te trimballer avec ta
peluche de bébé? T'as pas amené ta tut-tut, du temps que t'y es?
Delphine
Qu'est-ce qu'y a? Tu me cherches,
toi? T'en veux une?
Vlacic Eh! Mesdemoiselles! Mesdemoiselles! Vous
n'allez pas vous battre, non? Je sais que vous avez envie de vous réchauffer,
mais…
Delphine Oui, ben, qu'elles me lâchent, alors!
Nadia Ca va, ça va, joue à ta dînette et oublie moi…
………………………….
Delphine …Puis un jour, des gens sont venus, y z' ont
dit que maman reviendrait pas me chercher tout de suite, plus tard, qu'elle
viendrait, qu'en attendant on allait me mettre chez d'autres gens, avec
d'autres enfants. Alors, j'ai été dans des familles, dans des Centres, j'
parlais presque à personne, qu'à mes poupées, mes nounours, enfin, ceux qu'on
me laissait pace qu'y paraît que j'en avais trop, que ça encombrait, qu'y
fallait que je grandisse, que je les oublie. Tout le temps, on me disait ça.
Quand je parlais aux gens, c'était
toujours pour demander quand maman elle viendrait me chercher, que je voulais
la voir. Alors, un jour, une femme chez qui j'étais avec d'autres, elle m'a
répondu:
"-Comment, tu sais pas, y te
l'ont jamais dit? Elle est morte, ta mère, ça fait longtemps.."
(Delphine s'effondre en sanglots,
les deux autres filles se précipitent vers elle pour la consoler, Marina la
serre dans ses bras.)
Marina Delphine, Fifine, pleure pas, on est là,
Fifine, t'as des copines, maintenant, t'es plus toute seule, tu le sais, hein,
tu le sais?
Nadia J'te demande pardon, pour tout à l'heure,
chuis conne, des fois…
Texte déposé à SACD/SCALA
Illustrations D.M.
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