ATTENDS-NOUS
Pendant la
récré, Judith tombe sans connaissance au milieu de ses copines. Diagnostic du
médecin: elle n'a plus de « Perles rouges ». La Mort rôde. Mais pour ces jeunes
filles assoiffées de vie, il n'est pas question de céder à la fatalité!
Tout public.
Distribution: modulable en fonction de la troupe. Écrite à l'origine pour 9 jeunes-filles à partir de 12 ans et 1 adulte.
Durée: environ 45 minutes
Personnages
ANGELIQUE
CARMEN
JUDITH
MELANIE
MORGANE
RACHEL
La DIRECTRICE
Le DOCTEUR
L’INFIRMIERE
Le Vieil HOMME/ Le PROF
Extraits
L’Homme Ça n’a pas l’air d’aller.
Mélanie C’est Judith, elle est malade !
Rachel Tout d’un coup, elle est tombée.
L’Homme Ah ! Judith est malade ! Et comme un fruit
mûr, elle est tombée !
Carmen Il faut faire quelque chose, il faut appeler
!
Les autres Oui, oui ! Il faut appeler !
L’Homme C’est cela, appelez, appelez !
Les Filles (Disparaissant en courant derrière le décor)
Judith est tombée ! Judith est tombée !
(L’Homme se
dirige vers un banc et y grimpe, en observateur)
L’Homme Surtout ne vous pressez pas, on a tout notre
temps.
......................................................
Infirmière Je suis prête.
Docteur Alors, lancez la grosse machine.
Infirmière C’est parti !
(Les trois
machines, qui jusque-là avaient fonctionné individuellement, prennent un rythme
commun de quelques secondes et, dans un geste très sec, rendent un document où
figure le verdict. L’infirmière saisit le papier et le tend au Docteur.)
Docteur Mince ! Les perles rouges ! Elle n’a plus de
perles rouges !
Infirmière Plus de perles rouges ?
Docteur Plus une perle rouge !
(Apparaît
l’homme en noir.)
L’Homme Ah ! Les perles rouges ! Une seule vous
manque et tout est dépeuplé ! J’ai déjà eu des cas de perles rouges, mais
d’habitude, c’est chez les personnes âgées ou chez des fêtards du tonnerre de
Dieu ! Mais chez une petite fille, toute belle et pleine de vie, c’est
rarissime ! Je suis gâté !
Un cas de
perles rouges juvénile ! Aurais-je pu espérer meilleure navigation aux
dernières heures du millénaire ?
Quelle
responsabilité ! Oh ! Mon Dieu ! Oh ! Mon Diable ! Aidez-moi. Je sens que nous
allons briller comme l’Étoile du berger en ces dernières heures d’un monde bleu
de froid !
(Il s’en va,
caressant au passage les cheveux de Judith.)
Infirmière BRRRRR ! Je grelotte. J’ai eu froid, tout
d’un coup.
Docteur Il y a eu comme un courant d’air…
..........................................................
L’Homme Bonsoir, Judith. Oh, ne te réveille pas, je
vais me glisser dans tes rêves, dans ton inconscient de petite fille sage. Tu
es fatiguée, n’est-ce pas ? Tu as envie de dormir longtemps, longtemps ?
Et pourtant ton
cœur se tourne vers le dehors, vers la vie des gens…Voyons, petit papillon, que
trouvais-tu là-bas ? Des jeux futiles, des égoïstes, des plaisirs de bouts de
ficelle et des rires méchants de sauvageons sans cœur ?
Qu’attendrais-tu
de la vie, sinon des larmes, de longues saisons froides, de lourdes charges de
pierres et de ferrailles à déplacer tout ton âge durant, jusqu’à ce que, de
toute façon, je vienne te reprendre par la main pour un dernier voyage…
Cette
traversée de l’océan, je te la propose aujourd’hui, dans les vapeurs de ton
sommeil. Dans quelques heures, nous aborderons l’Ile du grand repos et je te
coucherai à l’ombre tiède d’un pin parasol où même les cigales font la sieste.
Allez, viens
petite âme perdue au creuset des fusions infernales. Prends équilibre dans la
barque du Vieux et laisse toi bercer par l’onde souple des flots.
(Commence la
traversée de l’océan pour l’Homme et Judith.)
.............................................................
Docteur Hélas, mes petites, hélas ! Judith ne peut
plus être sauvée.
Les trois filles Qu’est-ce que vous dites ?
Docteur Son cœur s’est arrêté, il n’y a pas cinq
minutes. Le vieux Caron, dans sa barque lui fait faire son dernier voyage…
Mélanie Cinq minutes, cinq minutes, c’est rien, cinq
minutes !
Rachel S’il faut traverser l’océan à la nage, ça ne
nous fait pas peur ! A l’eau, les filles, à l’eau !
Carmen Attends-nous, Judith ! On arrive ! Tu les
auras, tes perles rouges !
Texte déposé par SACD/SCALA
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