mardi 26 juillet 2011

Théâtre jeunesse Livre 1: Pièce 2: RAS LES COUETTES


Cinq Pièces pour la Jeunesse Livret 1.




RAS LES COUETTES



Un petit atelier de théâtre pour ados dirigé par monsieur Constantin. On ne travaille que sur des spectacles sans prétention. Cette année, Fables de la Fontaine. Spectacle de fin d’année, les parents sont là, les personnalités. Au deuxième poème, Bénédicte craque, elle en a ras les couettes de jouer des trucs sans intérêt, d’être fade sur scène alors qu’elles ont tant de choses à exprimer. Avec les copines, elles font un putsch sur scène et se lancent dans des improvisations sur des thèmes qui leur tiennent à cœur. Cela ne va pas sans heurts, toutes n’étant pas dans la même dynamique. Mais quelle révélation pour monsieur Constantin qui va pouvoir se soulager du poids d’une histoire dont il n’a jamais parlé…

Tout public.
Distribution: modulable en fonction de la troupe. Écrite à l'origine pour 5 filles 1 garçon à partir de 13 ans et 1 adulte.
Durée: environ 45 minutes




Personnages


BENEDICTE

GAËLLE

JENNY

MARIE-LAURE

VÉRONIQUE

JEAN-PIERRE (Le technicien)

Monsieur CONSTANTIN



Extraits




Constantin    Bon ! O.K. ! Le spectacle change de thème. Adieu la Fontaine, place à Mademoiselle Bénédicte, dans son ONE WOMAN SHOW !
  
Véronique    Soyez gentil avec elle, s’il vous plait, Monsieur Constantin.

Constantin    Gentil, gentil ! Après ce scandale en public !
 
Bénédicte    C’est pas vrai, c’est pas vrai. J’ veux pas faire la vedette, toute seule sur scène. Ca s’rait bidon, faudrait me cracher comme un noyau d’olive. J’ veux travailler avec mes cops, toutes ensemble. Mais autrement, pour dire d’autres choses qui se passent dans nos univers à nous. J’ai envie de rire de la vie, de chialer, de mordre. Avec des vrais gens qui ont un cœur et qui le dissèquent, là, sur scène, et qui le réchauffent dans le regard du Public.

Gaëlle    Comme tu dis bien les choses !

Constantin    Et les textes, hein ? Ca sert à quoi que des génies aient ciselé des trésors de mots pendant des siècles si n’importe qui raconte n’importe quoi sur scène ? La scène, c’est sacré, on n’y fait pas n’importe quoi !

Marie- Laure    C’est pas tout à fait faux, Bénédicte…

Bénédicte    Et alors ? Je le sais, que la scène c’est sacré ! Qu’y faut la respecter ! Vous m’avez déjà vue mal m’y conduire ?

Jenny    Ben, ce soir, tu as fait fort…

Bénédicte    Ce soir, la scène, on lui a un peu piétiné le côté magique et ça m’a foutue en l’air, si tu veux tout savoir…

Constantin    Tu veux me dire, Bénédicte, de quelle façon on l’a insultée, la scène, avec notre spectacle ? C’est malpropre, peut-être, la Fontaine ?

Gaëlle    Oh ! Monsieur Constantin ! Elle a pas voulu dire ça, Béné…

Marie-Laure    Laisse-la dire, Gaëlle, moi aussi je veux savoir.

Bénédicte    On l’a pas insulté, on l’a oublié, notre lieu sacré. On y a été fade, on n’y défendait rien, c’est devenu un plancher ordinaire sur lequel on déambule sans faire attention, à faire des singeries sans relief. C’est tout ça que j’ai senti, ça m’a fait mal au cœur…
..................................

Marie-Laure    ( S’arrêtant enfin de danser) PFFFFFFFFF ! Je suis crevée, mais j’étais bien, super-bien ! A un moment, j’étais tout là-haut et je vous voyais en bas, tout petits, comme des fourmis !

Bénédicte    Oh ! J’ai une idée ! Si on le refaisait à deux ou trois, mais juste avec un peu de lumière bleue, puis avec du blanc et à nouveau du bleu ?Hé ! Jean-Pierre ! Tu peux nous faire ça ? Si tu avais un peu de Zicmu, aussi…

Jean-Pierre    (A la régie) Qu’est-ce que je fais, Monsieur Constantin ?

Constantin    Comme si j’avais encore quelque chose à dire ! ( Se dirige vers le buffet derrière lequel il s’assoit)

Marie-Laure    Attendez, je bois un coup de flotte et j’y suis…

Bénédicte    Tu fais tourner la bouteille, Mimi ?

Véronique    Starting- block ! Jean-Pierre, quand tu veux !

(Jean- Pierre fait le NOIR puis envoie une musique « planante » tout en coloriant l’espace scénique d’une lumière douce. Chorégraphie sur le thème du vol d’oiseaux majestueux. Au bout d’un moment, un à un, chaque oiseau semble foudroyé en vol, tombe comme feuille morte au sol et s’y écrase. Quand tous les oiseaux sont à terre, la lumière baisse jusqu’au NOIR, la musique s’éteint. Pleins feux. Les filles se relèvent.)

Gaëlle    Ben mes cocottes ! Vive Zému !

Jenny    Ça, faut dire…

Marie-Laure    Ça vous a plu, Monsieur Constantin ?

Constantin    Vous n’allez pas me demander toutes les cinq minutes si ça me plait ou pas. N’oubliez pas que je suis ici pour les Fables de la Fontaine ! Mais allez-y, allez-y, je vous en prie.
……………………………….

Constantin    (Se lève précipitamment de sa chaise et rejoint les filles sur scène)

S’il vous plait, ça suffit ! Lumière, lumière ! Il y a des limites. Vous ne savez pas ce que vous faites, à quoi vous touchez.

Gaëlle    T’as vu Béné ? Ça a ému Monsieur Constantin. En tout cas, si j’avais été dans le public, ça m’aurait foutu la trouille, je suis sûre que j’aurais pleuré. Mais là, j’étais trop concentrée. Dites, Monsieur Constantin, vous pourriez pas nous apprendre à pleurer sur scène ? Mais pas pour faire semblant, hein !

Constantin    Mais vous êtes toutes folles, aujourd’hui ! Pourquoi veux-tu que je t’apprenne à pleurer? Vous n’avez pas assez de vos petits malheurs de jeunes filles dans la vie de tous les jours ?

On est là pour s’amuser, pour distraire les gens, leur donner du plaisir !
Mais bon Dieu de bon Dieu ! Ça pleure partout dans ce monde maudit. On ne voit que ça, du sang et des larmes ! Du malheur et encore du malheur !
Vous croyez vraiment que notre public vient dans ce lieu sympathique et convivial pour voir pleurer des petites filles sur scène ?
Il veut rire, le public, il veut se distraire, oublier la rudesse de la vie du dehors. C’est ça qui fait la grandeur de notre métier.


Gaëlle    C’est pas ça que je voulais dire…
....................................


Jenny    C’est facile, tu sais, de faire pleurer quelqu’un.

Bénédicte    Qu’est-ce que tu veux dire ?

Jenny    Je veux dire qu’il n’y a pas besoin d’être intello, y’a pas à se forcer. Un simple geste et c’est les chutes du Niagara…

(Elle disparaît en coulisses et revient avec une poupée.)

Jenny    C’est à toi, ça, Gaëlle ?

Gaëlle    Ben oui, c’est ma poupée…

Jenny    Et bien, vas-y, ma grande, apprends à pleurer sur scène !

(Elle arrache bras et jambes du jouet qu’elle jette tous azimuts.)

Gaëlle    Ma poupée ! Ma Julie ! Ma Julie ! Salope ! Pourriture ! J’vais t’éclater la tronche ! Laissez-moi, laissez-moi !




Texte déposé à SACD/SCALA

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